Une couronne de feuilles de chêne récompensait les vainqueurs romains, qui voyaient dans cet arbre la réincarnation de
Zeus. Les druides en ont fait un bois sacré, et Saint Louis rendait la justice sous ses frondaisons.
Son omniprésence dans nos campagnes n’est pas le fruit du hasard, mais résulte d’un choix fait par nos ancêtres. Le hêtre aurait dû dominer, mais le chêne lui a été préféré pour sa croissance plus rapide et la solidité de son bois, dont on faisait
des bateaux… mais aussi des tonneaux.
Car là est bien le paradoxe ou la faille de ce chêne : il est autant lié à la force du travail de l’homme qu’à ses faiblesses, comme son penchant pour l’alcool.
Le médicament homéopathique extrait
du gland du
chêne (Quercus Glandium Spiritus) est principalement indiqué pour aider les désintoxications alcooliques. Quant au médicament issu de
l’écorce (Quercus Robur), il soigne aussi les accès de vertiges, de fatigue, surtout quand ils surviennent chez un travailleur
acharné qui a surestimé ses forces.
N’est-ce pas une remise en cause de cette invincibilité affirmée que de voir ces géants de
nos forêts couchés de toute leur longueur après les tempêtes ? Crânement dressés face aux bourrasques, ils sont pourtant les premiers à y succomber. Et l’on peut se demander si le chêne est aussi
fort qu’on le pense : il est moins grand que le séquoia américain, vit moins longtemps que le cèdre du Liban, et résiste moins bien aux aléas climatiques que le ginkgo japonais.
À l’instar de notre grandeur européenne, nous avons grandi protégés par la ramure d’un géant
aux pieds d’argile. Comme un père tout-puissant qui devient à nos yeux dessillés d’adultes un vieux monsieur attendrissant, mais de moins en moins adapté au monde vers lequel nous nous dirigeons,
notre vieille Europe se repose sur sa puissance passée, sans voir venir son déclin, la remise en question de sa culture et de ses priorités.
Fierté, rigidité et faiblesse sont les maîtres mots de l’histoire du chêne, et cela ne fait
que personnifier l’histoire de notre continent, qui, maintenant qu’est révolue son époque de force et de résistance, aborde celle de son déclin et de son impuissance, passant subrepticement du chêne
au gland.
Jean de La Fontaine nous conseillait déjà d’adopter la souplesse du roseau pour mieux nous
adapter au vent de l’histoire. Écoutons-le tout en continuant d’aimer le chêne qui nous a vus grandir, comme on continue d’aimer ses parents quand on a cessé de s’illusionner sur leur
toute-puissance.
Source : Héléne Renoux, Homéopathe sur https://www.plantes-et-sante.fr/
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